Une ville loin du front et donc de la guerre?
L’éloignement géographique n’y fait rien: les fronts sont intérieurs et l’on est partout en France en guerre. Marseille, premier port du pays, occupe une place fondamentale en tant que porte d’entrée pour les troupes et pour la main-d’oeuvre coloniales. Elle est, aussi, une porte de sortie pour l’armée d’Orient qui s’en va porter la guerre dans les Balkans.
Le 1er août, lorsque els affiche annonçant la mobilisation sont placardées sur les murs, c’est la consternation qui saisit les marseillais. Mais cette consternation se transforme rapidement en enthousiasme quand le 141 régiment remonte la Canebière, le 7 août, pour s’embarquer sur le front. Les hommes partis, la ville est calme et silencieuse. La nuit, les lumières sont proscrites et même les phares sont éteints pour ne pas indiquer la position de la cité. A l’annonce de la guerre, les anciens réflexes reviennent comme se ruer dans les épiceries pour y faire des provisions. Il s’ensuit une rupture des stocks et une envolée des prix.
Entre jours difficiles et vie de plaisir
Le quotidien des marseillais n’est pas facile. Pour les classes populaires, le charbon et la viande sont devenus inabordables. Le Maire, un libéral convaincu, refuse d’intervenir et préfère laisser le marché s’autoréguler aux dépens des plus faibles. C’est le Préfet qui va se subsituer à lui et imposer le plafonnement des prix. Des laiteries et des épiceries municipales vont être créées. Cette question de la cherté de la vie va pousser les classes ouvrières à se mettre en grève en juin 1917 afin d’exiger l’augmentation de leurs salaires.
En dépit de ces conditions de vie difficiles, Marseille est souvent vue ( de loin) comme une cité des plaisirs. Elle est constamment traversée par des permisssionnaires, en attente d’une correspondance, et ces derniers fréquent assidûment les bars.
Les cafés, les théâtres ont réouverts leurs portes depuis 1915 et ils ne désemplissent pas. Il semble que les marseillais veuillent se divertir pour oublier la guerre.
Marseille dans l’effort de guerre
Répondant aux appels que le gouvernement leur adresse, Marseille s’organise pour fournir aux armées tout ce dont elles ont besoin. De nombreuses usines de constructions mécaniques, du secteur de la chimie, des fonderies et des chaudronneries se reconvertissent et produisent des armements variés. Les personnels mobilisés sont remplacés par une main-d’oeuvre étrangère et coloniale.
Dans le domaine maritime, Charles Baudoin, ” constructeur-mécanique” de moteurs, met en chantier au Pharo plusieurs vedettes anti-submersibles. La société Duclos &Cie reconvertit ses ateliers dans la production d’obus. L’ingénieur Henri Fabre s’installe sur le boulevard Sakakini pour y construire des avions de bombardement.
A de multiples reconversions d’usines s’ajoutent dse implantations nouvelles. Même si el acnon ne tonne pas au loin, Marseille s’est entièrement mobilisée au service de l’intérêt de la Nation. Les hommes de 21 ans à 50 ans mobilisés pour les combats, les femmes vont s’employer à faire tourner à l’arrière la machine industrielle. On les voit apparaitre dans les services publics et municipaux, les gares, les tramways, l’instruction publique, les hôpitaux, les postes… Dans les usines, grâce à elles, la pénurie de main-d’oeuvre finit par être résolue.