La Belle de Mai

Pour la petite histoire!

Il est raconté que le quartier de la Belle de Mai doit son nom à la tradition des « Reines de Mai ». En France, le 1er mai, des fillettes élisaient entre-elles une reine qu’elles couronnaient de fleurs blanches. Celle-ci, selon la région dans laquelle elle était élue, s’appelait « Reine de Mai », « Mayo », « Belle de Mai »…
En Provence et à Marseille, cette tradition est restée vivace jusqu’au XIXe siècle, et bien qu’elle soit liée à la religion catholique, pour qui le mois de mai est le mois de la vierge Marie, on la rattache à des rites initiatiques plus anciens, de l’époque grecque.
En réalité, il semble que le nom de Belle de Mai, qui apparaît dans les textes au XIVe siècle, évoque une « vinea bela de mai », désignant une vigne tardive « belle de reste ».

Ancien lieu d’industrialisation
Lieu de villégiature des notables marseillais, la Belle de Mai fit sa réputation l’été par ses vergers, ses guinguettes et ses bals populaires. Elle est rattachée à la ville au XIXe siècle. Sa proximité avec la gare en fait un lieu idéal pour l’implantation de manufactures. En 1868, sur l’emplacement de l’ancienne raffinerie de sucre, est inaugurée la Manufacture des tabacs d’après les plans de Désiré Michel. La direction emploie une main d’œuvre composée à 90% de femmes. Le quartier devient au cours du XIXe siècle un quartier presque exclusivement ouvrier.

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En 1900, il est peuplé majoritairement par des italiens fuyant la misère et le chômage en Toscane et se regroupant par familles. La langue parlée et partagée par tous était alors le provençal.
Le quartier est au premier rang des luttes syndicales et socialistes. Le communard Clovis Hugues, maire de la Belle de Mai, devient en 1881 le premier député ouvrier socialiste au parlement.
Durant l’occupation, la Belle de Mai devient un haut lieu de la résistance communiste. Après avoir produit cigares, scaferlatis et cigarettes, la manufacture se spécialise  dans la production de cigarettes Gauloises et Gitanes.
Dans les années 1960, elle est l’une des plus importantes de France, mais cette période d’apogée est suivie d’un long déclin, en partie du à la préférence pour le tabac blond, qui conduisit la direction à fermer l’usine au début des années 1990 et à transférer la production à Vitrolles.
Cette fermeture laisse une friche de douze hectares, en bordure du quartier de la Belle de Mai, contribuant ainsi à augmenter la coupure avec le centre ville marquée par la voie ferrée. Le quartier déjà économiquement défavorisé est menacé de marginalisation.
En première ligne des mutations économiques, ce quartier présente aujourd’hui les stigmates d’un quartier périphérique alors qu’il appartient au centre-ville, bordant les quartiers de la vieille ville. S’y est installé la Friche, en 1992, dans l’ancienne manufacture de tabac. Ce pole culturel regroupe des salles de spectacles, d’expositions…