Les savonniers

En 1789, la savonnerie marseillaise représente, à elle seule, la moitié de la production industrielle locale. Elle bénéficie d’aun quasi-monopole national dans la mesure où les productions parisiennes et normandes restent médiocres. 

Leur succès vient de leur qualité mais aussi de leur prix.

Les techniques de fabrication, transmises jalousement de générations en générations, est entre les mains du maître savonnier qui mène l’exécution et surveille le processus.

Utilisé dans les ménages, le “savon bleu pâle” se caractérise par une croûte superficielle, le “manteau” et par sa marbrure intérieure blanche et bleue. Le marbré ” bleu vif” présente des veines plus profondes et un extérieur rougeâtre. Ce dernier sert au dégraissage des laines. On expédiait cette qualité de savon aux colonies, en aynat eu soin de le cuire davantage pour qu’il supporte les fortes températures locales. D’une qualité supérieure, le savon blanc, plus pur, mais aussi plus cher, est recherché par les professionnels, qu’ils soient bonnetiers, filateurs, soyeux, blanchisseurs…

Durant les mois les plus chauds, les ateliers étaient à l’arrêt car la fabrication du savon se faisait au feu de bois.

Afin d’abolir ” les vacances forcées, en 1754 est autorisé la fabrication du savon sans feu. Mais au bout de quelques années, les défectuosités furent telles que les professionnels demandèrent le rétablissement des usages anciens.

Concentrée dans l’espace, l’industrie savonnière l’est aussi entre les mains d’un petit groupe de négociants.

Cette industrie est florissante jusqu’à la première guerre mondiale où la difficulté des transports maritimes des graines porte gravement atteinte à l’activité des savonniers. En 1913, la production est de 180.000 tonnes pour tomber à 52 817 tonnes en 1918. Puis à partir de 1920, la savonnerie bénéficie des progrès de la mécanisation et la production remonte pour atteindre 120 000 tonnes en 1938. Lorsque la seconde guerre mondiale éclate, Marseille assure toujours la moitié de la production française mais après 1945, l’industrie de la savonnerie ne cesse de décliner.