La Pomme

Ce nom a vu le jour au début du XVIe siècle lorsqu’un inconnu a créé sur la route royale d’Aubagne, une modeste auberge, un “logis” dit “de la Poume”, portant ce fruit comme enseigne, symbole des vastes vergers que les Dominicains possédaient depuis quelques décennies aux environs du hameau de Saint-Dominique, à quelques centaines de mètres au nord-ouest de l’auberge.

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Peu à peu s’est constitué un hameau, puis un village autour du logis : la Pomme Saint-Dominique, puis simplement la Pomme. Mais avant, comment se nommait ce coin du terroir compris entre l’Huveaune, Saint-Jean du Désert et les Comtes ? Depuis le XIIe siècle, les coteaux de la Grande Bastide étaient dits Plan de Padéou, le plateau de Padeau et la frange méridionale le long de l’Huveaune, sous Padéou : c’était depuis plus longtemps encore, au IXe siècle, le Colombier. C’est au levant du Colombier que la Poume est née entre deux vénérables moulins.
Un logis fournissait le gîte et le couvert mais surtout une halte aux nombreux charretiers qui empruntaient le Grand Chemin d’Aubagne. Cela, ainsi que l’essor économique engendré par le rattachement de la Provence au royaume de France et l’installation de riches familles qui deviendront célèbres , a sans doute motivé le créateur du logis de la Pomme.

Le XIXe siècle voit s’épanouir le village, devenu banlieue de la grande cité.

Essentiellement rural, il va découvrir l’industrialisation à ses environs immédiats et notamment à Saint-Marcel. La création de la voie ferrée Marseille-Toulon en 1858 et l’apport des eaux de la Durance depuis 1848 modifient le paysage, les habitudes et l’économie. L’irrigation permet de créer de vastes prairies et d’établir les premières laiteries, ainsi que des cultures maraîchères intensives. La Pomme et ses environs sont alors appelés la “Petite Normandie”. En 1860, un enfant du quartier, M. Ginouvès, invente une recette culinaire qui fera la renommée du coin : les “paquets”, en fait “pieds et paquets” de la Pomme.

Succédant aux omnibus, les premiers trams apparaissent vers 1900 : le n° 14 dessert la Pomme.
Au cours du XXe siècle et jusque dans les années 1960, la Pomme conserve sa ruralité, puis c’est l’explosion démographique que l’on connaît : les ensembles immobiliers couvrent prairies et jardins. En 1999, le quartier compte 18 153 habitants, une multiplication par 30 en trois siècles et demi !…